Caryl Churchill est une des figures les plus importantes de la dramaturgie universelle. Dans « Distante » (Far Away) elle entreprend un de ses gestes humoristiques les plus surréalistes et voyants en faisant le portrait d’une société consumée par la peur. Une société dans laquelle la frontière entre le vrai et le faux devient trop difficile à distinguer, à un tel point que le lecteur n’a pas les moyens de juger le vrai degré de conscience et intentionnalité de chaque personnage. Il n’y a pas beaucoup de textes qui soient si actuels comme celui-ci, écrit en 2000, dans lequel la réalité distópique qu’on nous présente n’est pas si différente de celle de nos jours. Profitant, justement, de la liberté d’interprétation accordé par le texte au lecteur, ce spectacle cherche à explorer les délicates frontières des binômes du bien et du mal, de la justice et injustice, du vrai et du faux pour pouvoir, ainsi, provoquer une réflexion sur le contrôle de l’Autre par la peur, mais aussi sur l’ingérence du Pouvoir dans ce qui concerne les libertés individuelles auxquelles nous avons renoncé plus facilement que ce qu’on avait prévu.
