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Madmud

© Laurent-Paillier

Synopsis

En écho direct à Onironauta, Madmud nous immerge littéralement dans l’univers musical et poétique de la chorégraphe Tânia Carvalho. À la voix et au piano, elle distille un flux captivant, où rôdent parfums de mélancolie et tumultes ténébreux.

Madmud ; « boue folle », donc. D’où vient ce titre ?
Cela vient d’une sensation que j’ai quand je me mets à chanter au piano, qui me fait penser à des éléments qui viennent de loin, quelque chose qui viendrait de la terre et, en même temps, de mon propre corps. L’image de la boue me parle par rapport à cette sensation. Quant à mad, cela crée un jeu de sonorités avec mud, qui me plaît.

On vous connait avant tout comme chorégraphe. Votre rapport à la musique est plus récent. Ou, en tout cas, c’est plus récemment que vous le donnez à voir en public… Qu’est-ce qui a fait naître Madmud ?
J’ai commencé tôt la danse, à l’âge de cinq ans. Le piano est arrivé plus tard. Mais, dans ma famille, la musique a toujours été très présente, du côté de mon père surtout. Et quand j’étais petite, il arrivait souvent que quelqu’un se mette à jouer de la musique (guitare, mandoline, flûte…) et, ma soeur aînée et moi, nous chantions. […] À quatorze ans, j’ai voulu apprendre le piano. J’ai commencé des cours, mais j’ai rapidement arrêté : je n’avais pas de piano à la maison – il y avait beaucoup d’instruments, mais pas de piano… Ce n’est que des années plus tard, vers 2006, que j’ai repris des cours, de façon intensive même.

Et pourquoi le piano ?
Il y a quelque chose de très chorégraphique, je trouve, dans le rapport avec cet instrument : on ne doit pas être « en corps à corps » avec lui pour jouer. Et c’est précisément pour cela que j’ai repris des cours de piano en 2006 : pour écrire une chorégraphie. J’ai pris des cours pour apprendre à jouer une sonate de Mozart. Et, à partir des mouvements nécessaires pour interpréter cette pièce au piano, j’ai développé une partition chorégraphique [NDLR : le solo Uma lentidão que parece uma velocidade, 2007 ; Une lenteur qui ressemble à une vitesse, pourrait-on traduire]. C’est aussi à cette époque que j’ai commencé à faire des improvisations au piano et à composer de la musique, en partant du corps, d’une impulsion chorégraphique si l’on peut
dire.

La voix est également très présente dans vos concerts. On la compare souvent à des personnalités comme Nina Hagen, Diamanda Galás ou Yma Sumac. Cela vous parle ?
Des personnes qui ont vu mes concerts m’ont souvent parlé d’elles, c’est vrai. Mais ce n’est pas un « choix » de ma part. Je ne connaissais pas Diamanda Galás par exemple. Nina Hagen bien, et c’est vrai qu’elle m’a marquée. Yma Sumac également. Meredith Monk aussi [NDLR : compositrice, chanteuse et chorégrapheinterprète américaine dont les débuts remontent aux années 1960]. Il y a une force dans leurs voix. Elles
chantent avec tout leur corps aussi, et plus encore même : elles chantent avec l’énergie du monde, ou quelque chose comme ça… Je n’oserais pas dire que je leur ressemble, mais elles m’inspirent. […] Quand je chante, je sens quelque chose qui vient vers moi, des émotions qui me traversent. Certains artistes disent qu’ils sont un véhicule. Quand je chante et quand je joue du piano, j’ai une sensation qui va dans cette direction-là.

Rencontre avec Tânia Carvalho (propos recueillis par Olivier Hespel)

Informations artistiques et techniques

Catégories:

interprétation (voix, piano): Tânia Carvalho
technicien son: Juan Mesquita
production: Tânia Carvalho, agência 25