Mon amie Flora, qui sait ce qui m’anime, m’a recommandé la lecture de Les Guérillères de Monique Wittig. Poème épique à l’écriture non-finie et résolument ouverte, renfermant une force quasi mythique, il décrit le quotidien (et la révolte) d’un groupe de femmes, invoquant leurs visions et déterminations sur fond d’ambiances profondément sensorielles et hallucinatoires. Avec, chevillée au corps, la ferme volonté de destituer un système oppresseur pour créer un langage (au sens de «monde») qui parle leur propre langue, «Elles», comme Wittig désigne ces femmes, sont les protagonistes d’un projet politique et poétique révolutionnaire. Un texte que j’ai lu par petits bouts, me permettant d’imaginer des suites possibles à l’histoire, en remplir les espaces vacants et, finalement, m’y projeter.
Régie par des principes de circularité, une figure traverse un paysage onirique en constante métamorphose : ce qui pourrait être un extrait du texte de Wittig est avant tout une sorte de conversation. Comme si je dialoguais avec l’autrice, et avec elles toutes. Et, dans les pauses de cet échange fantasmatique, au-delà même de l’écoute de leurs voix, des états émergent, tandis que la danse tisse et retisse les fils. Laissant la légèreté, l’inconnu et le souterrain se rejoindre et se confondre pour faire exister un lieu intermédiaire. Comme s’il était possible d’adresser une invitation à respirer ensemble.
Elizabete Francisca
